Dans une interview-bilan accordée à la rédaction de l’engagement.info, le Secrétaire Général de l’Union Chrétienne des Jeunes Gens (UCJG Togo) revient sur les activités réalisées par son organisation au cours de l’année 2018 et lance les perspectives pour l’année nouvelle. A en croire Gérard Kokou ATOHOUN, les objectifs fixés ont été atteints à plus de 90 %, surtout en matière des jeunes, sur le plan de l’éducation des jeunes en matière de la citoyenneté, sur le plan de la santé des jeunes, sur le plan de l’entreprenariat des jeunes et aussi sur le plan de droits et justice des jeunes. Il précise que plus de 100 jeunes des quartiers défavorisés ont pu créer leurs entreprises au cours de l’année 2018 grâce au projet « Jeunes Entrepreneurs » de l’UCJG Togo. Lisez plutôt…
L’ENGAGEMENT : Bonjour monsieur le SG. Svp, présentez-nous votre structure et son organisation sur l’ensemble du territoire national.
Gérard Kokou ATOHOUN : Bonjour, merci pour cette discussion par rapport à notre organisation. L’Union Chrétienne de Jeunes Gens /Young Men’s Christian Association (UCJG /YMCA) est une association internationale et interconfessionnelle regroupant des volontaires chrétiens. Créée à Londres (Angleterre) en 1844 par George Williams, l’UCJG est présente dans près de 120 pays à travers les continents. Elle est présente au Togo depuis 1903 et a évolué au sein de l’Eglise Evangélique Presbytérienne du Togo (EEPT) jusqu’en 1992. Elle a été enregistrée au MID le 04 août 1994 sous le No1031/MID/SG-APA-PC. Elle jouit du statut d’ONG depuis le 12 mars 1996. L’UCJG/YMCA-TOGO est affiliée aux Alliances Africaine et Universelle des YMCA. Les YMCA d’Afrique partagent la même vision.
L’UCJG a pour vision de renforcer la Capacité des Jeunes pour la Renaissance Africaine. Et sa mission est de bâtir une jeunesse capable d’œuvrer pour la justice sociale et la paix par la promotion d’une culture de leadership basée sur les principes chrétiens et des valeurs partagées.
Pour ce qui est de l’organisation structurelle sur l’ensemble du territoire national, on a des unités locales, on les appelle les unions locales, qui sont constituées de personnes qui partagent notre vision et notre mission, qui se rassemblent, ça peut être dans un quartier, dans une ville. Les unions locales d’une région se rassemblent pour former les unions régionales et les unions régionales élisent aussi leurs leaders. Au niveau national, on a le Conseil national qui élit les responsables au niveau national, qui est composé d’un président, de deux vice-présidents, d’un trésorier général, d’un Secrétaire Général, en plus des délégués des différentes régions. Nous sommes une association et toutes les décisions se prennent au niveau de l’Assemblée Générale et le Conseil d’Administration est chargé de mettre en œuvre les décisions de l’Assemblée Générale. Et chaque union régionale a son propre plan d’actions et son propre budget.
Le Secrétaire Général est le Directeur Exécutif de l’organisation. Il est chargé de rendre opérationnel, toutes les décisions, de gérer le personnel, gérer les partenariats et les financements. Il est le bras d’action du bureau national.
Sur le plan technique opérationnel, nous avons deux bureaux à Lomé : le siège national qui est à Akodésséwa et le siège régional maritime qui est à Djidjolé. Nous avons un bureau régional à Atakpamé, un à Sokodé et un à Kara. Nous avons des antennes, ce sont des points de services, ce ne sont pas des bureaux, c’est des kiosques qu’on a mis en place avec l’appui des maires. On a deux kiosques actuellement, un à Aného et l’autre à Tsévié et très bientôt un autre à Tabligbo. Dans chacun de ces kiosques, on a du personnel, on a aussi des volontaires qui appuient le travail que nous faisons sur le terrain. Donc, voilà comment nous sommes organisés, comment nous travaillons sur le terrain.
L’ENGAGEMENT : L’année 2018 vient de s’achever. Quel bilan faites-vous de vos activités au Togo pendant ces douze (12) mois passés ?Peut-on dire que les objectifs sont atteints ?
Pour nous, je pourrais dire que nos objectifs ont été atteints en partie. Vous savez que l’année 2018 a été émaillée de beaucoup de manifestations socio-politiques. Il y a eu beaucoup de réunions qu’on a faites sur le plan de nos activités, certaines n’ont pas pu être réalisées. Mais en gros nous sommes quand même satisfaits par rapport à nos objectifs en matière des jeunes, sur le plan de l’éducation des jeunes en matière de la citoyenneté, sur le plan de la santé des jeunes, sur le plan de l’entreprenariat des jeunes et aussi sur le plan de droits et justice des jeunes. Donc, nous sommes au moins à 90% satisfaits par rapport à ce nous avons fait, et par rapport aux actions qu’on a menées et les objectifs qu’on a pu atteindre.
L’ENGAGEMENT : UCJG Togo déroule actuellement des projets à l’endroit des jeunes vulnérables de certains quartiers défavorisés de Lomé et à l’endroit des détenus de certaines prisons du Togo. Parlez-nous un peu de ces projets et des résultats déjà atteints.
Bien entendu, nous travaillons dans plusieurs villes du Togo. Nous sommes à Lomé, à Aného, à Tsévié, Atakpamé, Sokodé, à Kara et aussi dans la préfecture d’Agou. Nous travaillons dans plusieurs domaines. Donc, dans le domaine de la justice des jeunes, nous travaillons dans six (06) prisons sur les treize (13) que compte le Togo, et nous travaillons sur plusieurs plans. Notre travail est à trois niveaux principalement : il y a la prévention de la délinquance qui se fait dans les quartiers, dans les communautés les plus défavorisées où on va pour sensibiliser les jeunes, les former par rapport à leurs droits et devoirs en tant que citoyens, et ceux qui n’ont pas les moyens, on les emmène à se former, on les emmène à aller à l’école et aussi les appuyer des fois à mettre en place leurs propres unités de production, notamment les ateliers et autres. Ça permet qu’ils aient les revenus nécessaires pour éviter de tomber dans la délinquance. Ça c’est la prévention. Quand on parle de l’accès aux droits, on est à l’intérieur des prisons où on a créé des clubs de para-juristes qu’on appelle « clubs juridiques », c’est des détenus qu’on a formés sur le code pénal et sur la procédure pénale, qui sont chargés de pouvoir accompagner leurs co-détenus. Quand ils arrivent en prison, ils les informent par rapport à leurs situations, par rapport aux peines encourues et par rapport à la procédure. Ils les conseillent et sont chargés aussi de les aider à élaborer des requêtes qui sont envoyées aux magistrats. Il y a aussi le volet, toujours à l’intérieur des prisons, de réinsertion. Donc, déjà la réinsertion commence en prison. Donc, dès la prison, on a plusieurs thématiques, notamment, par rapport au développement personnel. Il faut que le détenu se connaisse et aie une bonne estime de soi, commence à se valoriser et aussi pourquoi pas apprendre un métier en prison. Ça lui permet que quand il sera libéré, de pouvoir continuer sa formation et de se réinsérer dans la société. Hors prison maintenant, nous sommes avec les familles, nous faisons de la médiation familiale, nous travaillons aussi à pouvoir les accompagner à se former sur le plan professionnel et aussi ouvrir leurs ateliers. C’est dire que le détenu pour éviter la récidive a besoin d’avoir une source de revenus. Donc, nous on les accompagne à pouvoir disposer de ces sources de revenus.
Nous avons aussi travaillé sur l’entreprenariat des jeunes. Vous savez aujourd’hui que le chômage est l’un des problèmes auxquels, les jeunes font face. Pour l’UCJG Togo, c’est comment emmener les jeunes à s’insérer sur le plan professionnel. Sur ce plan, on travaille à deux niveaux, c’est de pouvoir augmenter la capacité du jeune à pouvoir trouver un emploi, pour ceux qui ont un diplôme et qui cherchent un emploi, par exemple, comment élaborer un bon CV, comment élaborer une bonne lettre de motivation, comment réussir un entretien d’embauche. Et ceux qui veulent créer leurs entreprises, on les accompagne aussi. A ce niveau, on les aide d’abord à identifier leur projet, on les aide à l’élaborer et à pouvoir accéder au financement. Donc, on a un projet qu’on appelle « Jeunes Entrepreneurs » qui se déroule à Lomé comme projet pilote, qui permetde pouvoir accompagner ces jeunes-là qui sont dans les quartiers défavorisés. Avec ce projet, on a eu plus de 100 jeunes qui ont pu créer leurs entreprises. Nous sommes en partenariat avec une micro finance de la place qui est chargée de fournir à ces jeunes, le financement nécessaire pour pouvoir créer leurs entreprises.
Nous travaillons aussi dans la citoyenneté des jeunes. A ce niveau, on a aujourd’hui cinq (05) centres de jeunes : Deux à Lomé, un à Atakpamé, à Sokodé et à Kara qui reçoivent des enfants et des jeunes, qui les accompagnent dans le développement personnel, qui les forment et les sensibilisent. Nous travaillons aussi dans la santé des jeunes. Nous n’avons pas d’institut sanitaire, mais nous sommes dans le plaidoyer pour que les jeunes puissent avoir accès à des soins de santé, à de bonnes conditions sans discrimination.
Nous avons aussi un centre de formation en agro-pastorale, en entreprenariat rural, aujourd’hui beaucoup de jeunes sont dans l’agriculture, mais c’est encore une agriculture très traditionnelle. Mais, comment emmener les jeunes à pouvoir créer de réelles entreprises agricoles ? On a un centre de formation qui est à Avétonou, qui les forme dans le domaine d’entreprenariat rural pour qu’ils puissent eux-mêmes devenir de réels entrepreneurs qui pourront vraiment être dans différentes chaines de valeurs qui vont leur ajouter de la valeur et aussi leurs familles et aussi aux communautés. On a également un centre d’accueil et d’information qui est à Bagbé qui reçoit des jeunes, que ce soit pour des séminaires. Voilà ce que je peux dire globalement sur ce que nous faisons, ce que nous avons fait en 2018.
L’ENGAGEMENT : 2019 s’annonce donc avec beaucoup de défis, quelles sont les perspectives au niveau de votre organisation ?
Nous avons commencé à réfléchir assez tôt, déjà en décembre, on a eu un atelier, tout le personnel pour réfléchir sur 2019. D’abord pour l’évaluation de l’année qui s’achevait et aussi faire les perspectives pour l’année 2019. Donc, on a deux niveaux principalement : il y a d’abord le niveau programmatique. Nous avons un certain nombre de projets qui arrivent à échéance, il faut revoir ces projets, essayer de tirer les leçons de ces projets et essayer de s’améliorer. Nous sommes sur le chantier d’élaboration de nouveaux projets, mais aussi nous avons l’intention de couvrir toutes les prisons du Togo. Nous sommes dans six prisons sur les treize, donc on a un plan qui devrait nous emmener à couvrir toutes les prisons du Togo, d’ici les deux, trois ans à venir. C’est du travail et il faut mettre en place tout un dispositif pour pouvoir accéder à ces prisons et mettre en place des activités novatrices. Nous sommes aussi sur le chantier encore de renforcement, comme je le disais tantôt, on a un projet pilote par rapport à l’entreprenariat des jeunes, nous voulons renforcer cela, nous voulons pour cette année étendre ce projet dans d’autres localités du Togo pour que les jeunes puissent avoir accès à toutes ces informations et formations pour pouvoir initier des projets novateurs qui leur permettront de pouvoir être autonomes et aussi contribuer au développement de la communauté, au développement du Togo.
Sur le plan institutionnel, nous sommes dans une année électorale à l’UCJG Togo, donc nous aurons à organiser notre assemblée quadriennale qui permettra d’élire les nouveaux membres de notre Conseil d’Administration. C’est à tous les niveaux, nous sommes organisés sur le plan local, régional et national. Donc, on doit conduire dans toutes les unions locales, nos branches locales, des Assemblées Générales qui permettront de faire l’évaluation des quatre dernières années et de faire les perspectives pour les quatre années à venir et aussi d’élire les responsables au niveau local. On fera la même chose au niveau régional et au niveau national, il est prévu en Septembre d’élire notre bureau national. C’est des perspectives importantes et aussi nous avons prévu l’élaboration d’un nouveau plan stratégique qui nous donnera tout ce qu’il faut comme orientations pour les quatre ans à venir. C’est un chantier important qui va vraiment mettre en œuvre notre vision. Donc, voilà les chantiers qui nous attendent pour cette année 2019.
L’ENGAGEMENT : Des vœux à l’endroit de vos partenaires et les populations togolaises.
Merci. Pour les populations togolaises, qu’est-ce qu’on peut chercher que la paix pour la population, la paix et la quiétude, le vivre-ensemble, nous sommes tous fils et filles d’un même pays, nous devons cultiver le vivre-ensemble. Je veux cette paix pour le Togo, et je veux aussi que l’économie décolle, vous savez l’impact que les crises ont engendré sur l’économie du pays. Donc comment faire en sorte que les choses puissent vraiment se relancer.
Pour nos partenaires, je souhaite encore plus de collaboration, qu’ils aient accès à leurs sources de financement pour plus d’impact dans ce que nous faisons au niveau des jeunes au Togo, en Afrique et dans le monde.
L’ENGAGEMENT : Votre mot de fin.
Mon mot de fin, en tant qu’acteur de la société civile, est que nous puissions ensemble travailler pour le bien-être des Togolais et des Togolaises. Pour que les jeunes s’épanouissent, on veut voir les jeunes demain évoluer, des jeunes qui connaissent leurs droits et devoirs, des jeunes qui vraiment seront devant pour le développement de leurs communautés, de notre pays et de l’Afrique. Nous voulons avoir un Togo en paix, une Afrique sans faim, sans famine, sans guerre, une Afrique où il fait bon vivre, une Afrique qui sera le centre du monde.
Je vous remercie.
Interview réalisée par Amévi GATOBOUNA, Journaliste à lengagement.info